UN ÉTÉ À LINDRE-BASSE
Résidence Centre d’Art Contemporain : Synagogue de Delme
Lindre-Basse - Parc Naturel Régional de Lorraine |
juin > septembre 011.
Si Elodie Brémaud a manifesté le désir de faire une résidence à Lindre-Basse, sur le territoire du Parc Naturel Régional de Lorraine, c’est pour explorer les abords de l’étang de Lindre, haut lieu de préservation de la nature. Ce qu’elle observe très vite, c’est que les impératifs liés à la protection imposent des règles draconiennes et que «tout visiteur posant le pied hors du sentier unique, risque tout simplement une amende.» En d’autres termes, «le touriste est le bienvenu, mais il est extrêmement guidé». C’est ce paradoxe qui est au coeur de l’installation qu’Elodie Brémaud décide de construire devant son atelier. Le projet est simple et ambitieux: mettre en place dans la commune un office des désoccupés, qui se réfère tout à la fois au travail et à l’oisiveté, termes a priori antinomiques. L’office est ouvert à tous: les promeneurs et les touristes, en quête d’occupations estivales, mais aussi les scientifiques et autres passionnés par l’étude de la nature. Il prend la forme d’un stand quelque peu suranné, tout droit sorti des années 50, l’époque qui vit justement l’aménagement de plusieurs étangs aux alentours de Lindre. Cet appendice qui investit la rue joue ainsi le rôle d’interface entre l’atelier privé et l’espace public. Ses heures d’ouverture varient en fonction de la présence de l’artiste sur son lieu de vie et de travail.
Une fois cette structure en place, Elodie Brémaud met à profit sa résidence pour constituer une sorte de guide Michelin, appliqué à la faune et à la flore de l’étang de Lindre, fusion entre un outil de découverte touristique, et un manuel scientifique, où la nécessaire protection de la nature cohabite avec le fait d’en profiter pour son plaisir personnel. Tout l’enjeu de la proposition d’Elodie Brémaud réside alors dans ce frottement entre deux logiques contradictoires que le guide et l’office matérialisent. La volonté de description parfaitement exhaustive dans un espace donné pourrait paraître totalement insensée, quête vaine d’une appropriation totale du monde, qui englobe le vivant sous forme de listes, d’énumérations sans fin et de taxinomies en cascades. Elodie Brémaud pousse cette logique de «guide» dans ses extrémités, pour produire un hybride dont l’objectivité supposée est déjà la promesse d’une désorientation.
Marie Cozette
Guide de l’Office des désoccupés,Édition format 12 x 24 cm, 50 pages, 450 ex.,
août 2011
Guide de l’Office des désoccupés,Édition format 12 x 24 cm, 50 pages, 450 ex.,
août 2011
Office des désoccupés,
kiosque et barrières en bois, 135 x 135 x 235 cm
9 juillet > 1 septembre 011
Photo © : Olivier-Henri Dancy